Claude Bureaux est un militant de longue date de la diversité des semences (potagères ou florales) et de la promotion des jardins. De tous les jardins : jardins publics (il est maître jardinier au Jardin des Plantes et au Muséum d’histoire naturelle), ouvriers, partagés, pédagogiques, familiaux… Chroniqueur sur Radio-France, auteur d'une dizaine de livres avec Michel Lis. Il est aussi 39e candidat sur notre liste Gauche Alternative dans le XIIIe.
Et il nous a fait partager sa passion jeudi soir au Caldo-Freddo, avenue d’Italie. Je retiens de ce débat quelques idées-force.
Les espèces à protéger, ce ne sont pas seulement les espèces « naturelles », mais aussi celles (potagères, florales, animales) crées par l’homme. A la limite, celles-ci sont même plus fragiles. On a retrouvé des « violettes de Rouen » qu’on croyait disparues et dont des graines ont regermé après un chantier, mais on a perdu beaucoup de légumes traditionnels issus de siècles de sélection humaine.
Fédérer les résistances !
Quand on jardine, il faut faire de grands efforts pour ne pas acheter à une des 4 transnationales qui contrôlent le marché des graines. « Quand j’étais apprenti jardinier dans les années 60, il existait encore 71 maisons grainetières en France ». Aujourd’hui, même si beaucoup de marques persistent, elles sont désormais presque toutes aux mains des 4 grands mondiaux. Dont Monsanto, bien connu pour être promoteur des OGM et des pesticides, ou Limagrain qui en fait autant en France. Il existe des alternatives, comme KOKOPELLI (ex - « Terres de semence »), mais qui ont des ennuis avec la justice, attaquées qu’elles sont par ceux qui veulent breveter et privatiser tout le vivant.
La concurrence des associations favorise le clientélismeFace à ces mastodontes, les réactions sont nombreuses mais éparpillées. Associations de jardins ouvriers, horticulteurs bio, troqueurs de semences, Amis des variétés rares, associations autour d’éco-musées, promoteurs du purin d’ortie… Souvent les égos des présidents de ces foyers de résistance à l’homogénéisation et la privatisation l’emportent sur l’action coordonnée. Toujours le présidentialisme à la française… Or la concurrence entre associations favorise le clientélisme des édiles qui attribuent ou non des moyens. Claude illustre la nécessité de fédérer ces résistances : « marchons côte à côte et frappons ensemble ! ». Toujours dans l’action non-violente bien entendu.
Repeindre la ville en vert est parfois écologiquement nuisible
L’écologie, le développement durable, tout le monde en parle aujourd’hui. D’où des modes : les « murs végétaux », l’herbe sur les rails du tramway sur les boulevards des Maréchaux… Or, ces pratiques, si elles badigeonnent la ville en vert, sont écologiquement très coûteuses : en terre à déplacer, en herbicides, en engrais, en eau…
A l’inverse, quel édile acceptera de voir l’herbe pousser entre les pavés de ses places rénovées à l’ancienne ? Ne pourrait-on pas expliquer que les méthodes réellement écologiques de désherbage (si vraiment on n’accepte pas les herbes folles entre les pavés), c’est la binette, donc du travail, et non pas les herbicides ou le traitement thermique (écologiquement aussi désastreux) ?
Que mille fleurs s’épanouissent !
Les témoignages d’habitants ont été nombreux. Certains participent à une AMAP du XIIIe (Association pour le maintien de l’agriculture paysanne, avec un abonnement d’un panier hebdomadaire de fruits et légumes qui a permis à un jeune agriculteur de s’installer en bio dans un département voisin), d’autres à des initiatives de jardins d’insertion (foyer Emmaus rue du Chevaleret ou initiative qui se monte à la Poterne des Peupliers).
Jean-François Pellissier a aussi relaté les expériences qu’il a mis en place avec les associations et les jardins de la ville de Paris: « Ciné-Vacances » en ouvrant ces jardins le soir à des initiatives associatives l’été. Les fonctionnaires des parcs et jardins ont ainsi pu nouer d’autres types de relations avec les habitants.
Multiplication des initiatives pédagogiques dans les écoles, liens plus étroits entre les services de la mairie et les associations, bilan écologique systématique avant tout projet (ex. des murs végétaux), création de coopératives municipales de conservation et d’échanges de semences potagères et florales… les idées n’ont pas manqué. A mettre rapidement en pratique avec l'aide de nos futurs élus!
Emile Ronchon